Face à la transition énergétique et aux normes anti-pollution toujours plus drastiques, Renault a fait le pari de la downsizing avec son moteur 1.2 TCe. Ce petit bloc essence turbocompressé, qui remplace progressivement les atmosphériques 1.6, suscite autant d’enthousiasme que d’inquiétudes. Plongeons dans les entrailles de ce moteur qui équipe une grande partie de la gamme Renault-Nissan-Dacia.
Qu’est ce que le moteur 1.2 TCe ?
Le 1.2 TCe (H5Ft) représente l’aboutissement de la stratégie de downsizing de Renault. Lancé en 2012, ce quatre cylindres de 1197 cm³ incarne la nouvelle philosophie du constructeur : faire plus avec moins. L’utilisation d’un turbocompresseur et de l’injection directe permet à ce petit moteur de développer la puissance d’un ancien 1.6, tout en promettant une consommation réduite.
Ce bloc moderne intègre plusieurs innovations technologiques :
- Injection directe sous haute pression (200 bars)
- Turbocompresseur à faible inertie
- Chaîne de distribution (en théorie « à vie »)
- Stop & Start de série
- Recyclage des gaz d’échappement
Disponible en plusieurs versions (115, 120, 125 et 130 ch), ce moteur délivre un couple généreux pour sa cylindrée : jusqu’à 205 Nm dès 2000 tr/min pour les versions les plus puissantes.
Que signifie TCe chez Renault ?
TCe signifie « Turbo Control efficiency », une appellation marketing qui souligne les deux aspects majeurs de ce moteur : sa suralimentation par turbocompresseur et son efficience énergétique. Cette dénomination est utilisée par Renault pour l’ensemble de sa gamme de moteurs essence turbocompressés.
Est-ce que le moteur 1.2 TCe est fiable ?
Voilà la question qui fâche ! La fiabilité du 1.2 TCe cristallise les débats depuis son lancement. Après plus d’une décennie de commercialisation et des millions de kilomètres parcourus, l’heure du bilan a sonné.
Sur le papier, ce moteur avait tout pour séduire : des performances flatteuses, une consommation maîtrisée et un agrément de conduite indéniable. Mais comme souvent, le diable se cache dans les détails. Les premiers millésimes (2012-2016) ont rapidement montré leurs limites, notamment avec une consommation d’huile qui a fait couler beaucoup d’encre… et d’huile moteur !
Les retours d’expérience permettent aujourd’hui d’établir un constat sans concession :
- Points forts avérés :
- Un caractère enjoué et des performances convaincantes
- Une souplesse remarquable grâce au turbo bien calibré
- Une consommation de carburant raisonnable (6-7L/100km en usage mixte)
- Un agrément de conduite digne des meilleurs de sa catégorie
- Un coût d’acquisition attractif sur le marché de l’occasion
- Points faibles indéniables :
- La tristement célèbre consommation d’huile des premiers modèles
- Une fragilité chronique de certains composants stratégiques
- Une sensibilité excessive à la qualité de l’entretien
- Des coûts de réparation qui peuvent rapidement s’envoler
- Un manque de fiabilité sur le long terme pour les premiers millésimes
Quel est le moteur 1.2 TCe le plus fiable ?
Il aura fallu quatre ans à Renault pour corriger les défauts de jeunesse de son petit moteur vedette. Les versions produites après 2016 marquent un véritable tournant dans l’histoire du 1.2 TCe. Face aux retours clients et aux problèmes récurrents, les ingénieurs du Losange ont revu leur copie en profondeur.
La version 130 chevaux, dernière-née de la famille, se distingue particulièrement par sa robustesse. Bénéficiant d’emblée des dernières évolutions techniques, elle échappe aux déboires de ses aînées. Les versions 120-125 chevaux post-2016 ne sont pas en reste, affichant des taux de fiabilité nettement supérieurs à leurs devancières.
Les améliorations majeures apportées après 2016 :
- De nouveaux segments de pistons, véritable talon d’Achille des premiers modèles
- Un circuit de lubrification entièrement repensé
- Une gestion électronique plus fine du turbo et de l’injection
- Un turbocompresseur renforcé pour une meilleure longévité
- Des joints et supports moteur de nouvelle génération
Les problèmes courants du moteur 1.2 TCe
Plongeons maintenant dans les entrailles de ce moteur pour comprendre ses points faibles. Car oui, même les versions récentes ne sont pas exemptes de tout reproche. Un tour d’horizon complet s’impose pour les futurs acheteurs.
La consommation d’huile
C’est le problème qui a entaché durablement la réputation du 1.2 TCe. Une gourmandise en huile qui peut transformer chaque trajet en surveillance anxieuse de la jauge.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : certains propriétaires rapportent une consommation atteignant 1 litre tous les 1000 km sur les premiers modèles. Une anomalie qui s’explique par plusieurs facteurs :
- Des segments de pistons mal dimensionnés laissant l’huile remonter dans les cylindres
- Un encrassement prématuré des chambres de combustion
- Un système de récupération des vapeurs d’huile du turbo défaillant
- Des guides de soupapes s’usant prématurément
La solution définitive passe souvent par une réfection partielle du moteur, avec remplacement des segments et parfois des pistons complets. Une opération coûteuse mais nécessaire pour retrouver une consommation normale.
L’encrassement prématuré
Le downsizing a son revers de médaille : plus un moteur est petit et performant, plus il est sensible à l’encrassement. Le 1.2 TCe n’échappe pas à cette règle, avec une tendance marquée à l’accumulation de calamine.
Principaux symptômes :
- Perte de puissance progressive
- Ralenti instable
- Voyant moteur qui s’allume
- Surconsommation de carburant
- Fumée noire à l’échappement
La parade existe et passe par une maintenance préventive :
- Nettoyage des soupapes d’admission tous les 60 000 km
- Utilisation régulière de carburants premium
- Éviter les trajets trop courts
- Adoption d’une conduite dynamique occasionnelle
Les problèmes de chaîne de distribution
La promesse d’une chaîne « à vie » a fait long feu. De nombreux cas d’usure prématurée ont été rapportés, particulièrement sur les modèles antérieurs à 2016.
Signes avant-coureurs :
- Claquements au démarrage
- Bruits métalliques côté distribution
- Vibrations anormales
- Perte de puissance
Solutions préconisées :
- Contrôle de tension régulier
- Remplacement préventif vers 120 000 km sur les anciens modèles
- Vidanges respectées scrupuleusement
- Surveillance du niveau d’huile
Fragilité du turbocompresseur
Le turbo, sollicité en permanence sur ce petit moteur, peut montrer des signes de faiblesse :
- Perte de puissance en reprise
- Sifflements anormaux
- Fumée bleue à l’échappement
- Consommation d’huile accrue
Pour préserver le turbo :
- Respecter la phase de chauffe du moteur
- Attendre 30 secondes au ralenti avant d’arrêter le moteur
- Utiliser une huile de qualité adaptée
- Remplacer le filtre à huile aux intervalles prescrits
Conseils d’entretien pour maximiser la durée de vie de votre 1.2 TCe
Face aux fragilités connues de ce moteur, l’entretien devient la clé de la longévité. Un suivi rigoureux peut permettre d’atteindre des kilométrages respectables, dépassant les 200 000 km sur les versions récentes. Voici le programme d’entretien idéal pour préserver votre investissement.
Les vidanges : la base d’une bonne santé moteur
Sur ce moteur particulièrement sensible à la qualité de la lubrification :
- Intervalle maximal : 15 000 km ou 1 an (même si le constructeur préconise 20 000 km)
- En usage sévère (ville, courts trajets) : réduire à 10 000 km
- Huile impérativement 5W30 respectant la norme RN17
- Remplacement systématique du filtre à huile
- Contrôle du niveau tous les 1000 km (surtout sur les anciens modèles)
La maintenance préventive : anticiper pour durer
Points de vigilance essentiels :
- Filtre à air : remplacement tous les 30 000 km
- Filtre à carburant : tous les 60 000 km
- Bougies d’allumage : tous les 45 000 km
- Nettoyage des injecteurs : tous les 60 000 km
- Contrôle de la chaîne : dès 80 000 km sur les anciens modèles
- Décalaminage préventif : recommandé dès 60 000 km
Les bonnes pratiques au quotidien
Pour préserver votre moteur :
- Éviter les démarrages à froid brutal
- Attendre que le moteur soit chaud avant les fortes accélérations
- Rouler régulièrement sur autoroute pour « nettoyer » le moteur Renault
- Privilégier les carburants de qualité premium
- Vérifier le niveau d’huile toutes les deux semaines
- Ne pas hésiter à faire des appoints d’huile si nécessaire
Tous les modèles équipés du moteur 1.2 TCe
Le 1.2 TCe a connu un déploiement massif au sein de l’Alliance Renault-Nissan-Dacia. Sa compacité et ses performances en ont fait un choix privilégié pour de nombreux modèles. Voici la liste exhaustive des véhicules qui ont été équipés de ce moteur.
Marque | Modèle | Versions disponibles | Années de production |
---|---|---|---|
Renault | Clio IV | 120/125 ch | 2012-2019 |
Renault | Clio V | 130 ch | 2019-2023 |
Renault | Captur I | 120/125 ch | 2013-2019 |
Renault | Captur II | 130 ch | 2019-2023 |
Renault | Mégane IV | 115/130 ch | 2015-2023 |
Renault | Scénic IV | 115/130 ch | 2016-2022 |
Renault | Grand Scénic IV | 115/130 ch | 2016-2022 |
Renault | Kadjar | 130 ch | 2015-2022 |
Dacia | Duster II | 125/130 ch | 2017-2023 |
Dacia | Jogger | 110 ch | 2021-2023 |
Nissan | Qashqai II | 115/130 ch | 2014-2021 |
Nissan | Juke | 115/117 ch | 2014-2019 |
Nissan | Pulsar | 115/130 ch | 2014-2018 |
Mercedes | Citan | 115 ch | 2012-2021 |
Mercedes | Classe A | 115 ch | 2012-2018 |
Smart | ForFour | 115 ch | 2014-2019 |
Conclusion
Le 1.2 TCe illustre parfaitement les défis du downsizing moderne. Ce moteur, malgré des débuts difficiles, a su évoluer pour corriger ses défauts de jeunesse. Si les premiers millésimes (2012-2016) restent à éviter, les versions récentes offrent un compromis intéressant entre performances et fiabilité, à condition de respecter un entretien rigoureux.
Points clés à retenir :
- Éviter absolument les modèles pré-2016
- Privilégier les versions 130 ch plus récentes
- Vérifier l’historique d’entretien complet
- Prévoir un budget maintenance préventive
- Être attentif à la consommation d’huile
Pour les futurs acheteurs, notre conseil est simple : optez pour un modèle récent, entretenez-le scrupuleusement, et n’hésitez pas à investir dans la maintenance préventive. Ce petit moteur peut alors se révéler être un compagnon fiable et économique.