Compacte, économique et facile à garer, la Toyota Aygo semble être la citadine parfaite pour naviguer dans les ruelles étroites de nos centres-villes. Née d’une collaboration franco-japonaise entre Toyota et le groupe PSA (Peugeot-Citroën), cette petite voiture incarne la promesse d’une mobilité urbaine sans tracas. Mais cette union des savoir-faire cache-t-elle des vices sous son capot miniature ?
Lancée en 2005 et produite sur deux générations distinctes, cette mini-citadine aux allures sympathiques dissimule derrière sa réputation de fiabilité japonaise plusieurs problèmes récurrents qui méritent d’être démasqués. Plongeons dans les coulisses techniques de l’Aygo pour éviter que votre achat de rêve ne se transforme en cauchemar mécanique.
Avant de nous aventurer dans les détails, voici une carte des mines à éviter dans le champ des Toyota Aygo d’occasion. Ce tableau vous servira de boussole pour repérer rapidement les combinaisons les plus risquées :
Génération | Motorisation | Problèmes majeurs | Niveau de risque |
---|---|---|---|
1ère (2005-2014) | 1.0 VVT-i essence (68 ch) | Embrayage fragile, vibrations, extinctions | Moyen |
1ère (2005-2014) | 1.4 HDi diesel (54 ch) | Reprogrammations fréquentes, coussinets de bielles défectueux | Élevé |
2ème (2014-2021) | 1.0 VVT-i (69-72 ch) avec boîte robotisée | Pannes de transmission fréquentes | Élevé |
2ème (2014-2021) | Modèles produits entre oct-déc 2014 | Problèmes de colonne de direction | Moyen à élevé |
Première génération (2005-2014) : Les moteurs à éviter

La première Aygo a séduit par son design jovial et son prix attractif, mais sous son capot se cachent quelques bombes à retardement mécaniques. Quels sont ces moteurs qui pourraient transformer votre investissement en gouffre financier ?
Moteur 1.0 VVT-i essence : un trois cylindres aux limites évidentes
Ce petit moteur essence Toyota est-il vraiment l’ami de votre portefeuille sur le long terme ? Imaginez un coureur essoufflé dès le début de la course : voilà l’image parfaite de ce trois cylindres aux ambitions limitées.
Bien que ce bloc présente l’avantage indéniable d’être équipé d’une chaîne de distribution (économie de 500-800€ sur l’entretien à long terme), il souffre de plusieurs défauts qui transformeront rapidement l’expérience de conduite en exercice de patience :
- Sonorité envahissante : le ronronnement caractéristique des trois cylindres se transforme en concert désagréable à régime soutenu
- Puissance anémique : les 68 chevaux s’essoufflent dès la moindre côte ou dépassement sur voie rapide
- Comportement erratique :
- Vibrations persistantes au ralenti
- Extinctions inopinées, particulièrement dans les virages
- Dans certains cas extrêmes, émission excessive de fumée
Mais le véritable talon d’Achille de cette motorisation réside dans son embrayage, comparable à un acteur qui quitte la scène avant la fin du spectacle. De nombreux propriétaires rapportent un embrayage qui patine prématurément, parfois dès 40 000 km – un record peu enviable dans l’industrie automobile. Cette défaillance entraîne des frais de réparation avoisinant les 1200 euros, soit près d’un dixième du prix du véhicule neuf !
Moteur 1.4 HDi diesel : à proscrire absolument
Si l’essence pose problème, le diesel version PSA transforme l’Aygo en véritable parcours du combattant mécanique. Ce moteur incarne le mariage mal négocié entre deux constructeurs aux philosophies différentes.
La version diesel de la première génération présente des problèmes tellement graves qu’ils pourraient faire l’objet d’une étude de cas en école d’ingénieur :
- Électronique capricieuse nécessitant des reprogrammations fréquentes
- Conduite saccadée avec des variations de rendement imprévisibles
- Fiabilité structurelle compromise : rappel massif en 2013 pour remplacer des coussinets de bielles non conformes
- Double peine : embrayage tout aussi fragile que sur la version essence
Au-delà de ces problèmes spécifiques aux motorisations, la première génération souffre également de défauts structurels qui transforment parfois cette citadine en véritable casse-tête pour ses propriétaires :
- Direction assistée fragile : plusieurs cas de rupture signalés, transformant le volant en appareil de musculation
- Étanchéité douteuse : infiltrations d’eau, notamment dans le coffre arrière
- Électricité fantaisiste : problèmes électriques divers
- Pneumatiques gourmands : usure prématurée des pneus
Deuxième génération (2014-2022) : Des améliorations mais des faiblesses persistantes

Toyota a-t-il tiré les leçons des erreurs passées avec cette seconde mouture ? Redessinée, modernisée et apparemment améliorée, l’Aygo II promettait de tourner la page des déboires mécaniques. Mais comme pour une suite cinématographique décevante, certains personnages problématiques font leur retour…
Moteur 1.0 VVT-i essence avec boîte robotisée : une combinaison explosive
La technologie devait simplifier la conduite, mais cette transmission robotisée transforme parfois le trajet quotidien en véritable loterie mécanique. Comme un apprenti chef qui raterait systématiquement ses changements de température, cette boîte automatisée semble incapable de trouver le bon moment pour passer les rapports.
Cette combinaison mécanique s’avère particulièrement problématique pour trois raisons majeures :
- Électronique défaillante :
- Pannes récurrentes du système de gestion des rapports
- Capteurs de position sensibles à l’usure prématurée
- Messages d’erreur aléatoires sur le tableau de bord
- Budget réparation prohibitif :
- Coûts d’intervention dépassant fréquemment les 1500€
- Nécessité d’un diagnostic électronique spécialisé
- Pièces de rechange disponibles uniquement en réseau officiel
- Expérience de conduite dégradée :
- À-coups intempestifs lors des changements de rapport
- Temps de réponse à l’accélération imprévisible
- Comportement erratique en mode automatique
Modèles de début de production (2014) : les défauts de jeunesse
Les premiers exemplaires de cette nouvelle génération jouent le rôle de beta-testeurs involontaires, avec des problèmes qui auraient mérité d’être résolus avant commercialisation.
Un problème potentiellement dangereux concerne la colonne de direction, comparable à un gouvernail qui se désolidariserait en pleine tempête. Cette défaillance peut entraîner une perte de contrôle du véhicule sans avertissement préalable. Les modèles produits entre octobre et décembre 2014 ont d’ailleurs fait l’objet d’un rappel officiel en juillet 2017 – un délai inquiétant de presque trois ans !
Quant à l’embrayage, bien qu’amélioré par rapport à la première génération, il reste un maillon faible de la chaîne mécanique. Comme un athlète insuffisamment remis d’une blessure, il montre ses limites particulièrement lors d’une utilisation typiquement urbaine, avec de nombreux arrêts/démarrages qui accélèrent son usure.
Les modèles les plus fiables de la Toyota Aygo
Existe-t-il une Aygo qui ne vous laissera pas en plan au bord de la route ? La réponse est oui ! Tel un diamant brut au milieu des cailloux, certaines versions spécifiques de l’Aygo brillent par leur endurance et leur robustesse quotidienne. Découvrons ces perles rares qui méritent votre attention.
Les champions de la fiabilité dans la gamme Aygo
La miniature nipponne n’est pas condamnée à vous décevoir, loin de là. Voici les configurations qui offrent le meilleur potentiel de tranquillité d’esprit, classées par ordre de fiabilité :
- Aygo II (2014-2021) finition x-play avec moteur 1.0 VVT-i et boîte manuelle
- Le moteur trois cylindres a surmonté ses maladies de jeunesse
- Chaîne de distribution à vie (économie de 500-800€ par rapport à une courroie)
- Consommation réelle mesurée à 4,6 l/100 km en usage mixte
- Taux de pannes inférieur à 6 incidents pour 1000 véhicules selon les études de fiabilité
- Aygo II restylée (post-2018) en finition x-cite
- Mise à jour électronique corrigeant les bugs des premiers modèles
- Embrayage renforcé suite aux retours d’expérience
- Design modernisé avec signature lumineuse distinctive
- Équipements technologiques plus complets (écran tactile, caméra de recul)
- Aygo I phase 2 (2009-2014) en finition Connect
- La dernière évolution de la première génération, qui bénéficie de 4 ans d’améliorations
- Rappels constructeurs majoritairement effectués
- Problèmes d’embrayage partiellement résolus (durée de vie moyenne portée à 100 000 km)
- Excellente cote à l’achat (moins de 5 000€ pour un modèle bien entretenu)
- Aygo X (depuis 2021)
- Toute nouvelle plateforme, corrigeant les défauts chroniques des anciens modèles
- Motorisation plus moderne et plus efficiente
- Habitabilité et confort sensiblement améliorés
- Les premiers retours sont encourageants avec un taux de satisfaction de 78%
Les finitions qui font la différence
Le niveau d’équipement joue un rôle surprenant dans la fiabilité perçue et réelle :
- Les finitions supérieures (x-play, x-cite, Collection)
- Généralement achetées par des clients plus attentifs à l’entretien
- Suivi d’entretien plus rigoureux et documenté
- Équipements supplémentaires qui ajoutent du confort quotidien
- Valeur résiduelle supérieure de 8 à 12% à kilométrage équivalent
Guide d’achat : les points à vérifier
Vous êtes toujours tenté par une Aygo malgré ses faiblesses ? Comme un détective sur une scène de crime, voici comment inspecter méthodiquement votre future acquisition pour éviter les mauvaises surprises. Cette checklist pourrait vous sauver des milliers d’euros et d’innombrables heures perdues au garage.
Points de contrôle essentiels
Lors de l’essai routier, transformez-vous en inspecteur mécanique et passez au crible ces éléments critiques :
- L’embrayage : le suspect numéro un
- Testez-le spécifiquement en côte avec redémarrage
- Recherchez tout symptôme de patinage (régime moteur qui monte sans accélération proportionnelle)
- Vérifiez le point d’embrayage (doit se situer au premier tiers de la course de la pédale)
- Soyez attentif aux bruits anormaux lors des changements de rapport
- La direction : votre lien vital avec la route
- Contrôlez l’absence de jeu (pas plus de 2-3 cm de mouvement à vide)
- Vérifiez la progressivité de l’assistance (ne doit pas être trop légère ou trop dure)
- Testez la réactivité dans les manœuvres d’évitement
- Recherchez des vibrations anormales dans le volant à différentes vitesses
- L’étanchéité : à la recherche des traces du déluge
- Inspectez minutieusement le coffre arrière (soulevez le tapis)
- Examinez les passages de roue pour repérer des traces d’humidité
- Vérifiez sous les tapis de sol (particulièrement côté conducteur)
- Recherchez les traces d’oxydation au niveau des connecteurs électriques
- L’historique : la mémoire ne ment pas
- Analysez le carnet d’entretien (vérifiez la continuité des tampons)
- Confirmez que les révisions respectent la périodicité recommandée
- Identifiez toutes interventions sous garantie (indices de problèmes récurrents)
- Croisez le kilométrage documenté avec l’état d’usure du véhicule
- Les rappels : la sécurité avant tout
- Demandez confirmation que tous les rappels constructeur ont été effectués
- Vérifiez spécifiquement les rappels de 2010 (pédale d’accélérateur) et 2017 (colonne de direction)
- Consultez la base de données Toyota avec le VIN du véhicule
- N’hésitez pas à contacter un concessionnaire pour confirmer l’historique des rappels
Budget à prévoir : calculez avant de vous engager
L’Aygo est-elle vraiment économique sur la durée ? Voici les chiffres qui font mal :
- Entretien courant
- Révision annuelle : 150-230€ selon le kilométrage (25-40% plus cher qu’une Dacia équivalente)
- Pneumatiques : 240-350€ le train complet (usure prématurée tous les 25 000-30 000 km)
- Freinage complet : 350-500€ (plaquettes, disques et main d’œuvre)
- Réparations problématiques
- Embrayage complet : environ 1200€ (pièce + main d’œuvre)
- Pompe de direction assistée : 2300€ en concession, 800-1000€ chez un indépendant
- Système de boîte robotisée : 1500-2000€ (un véritable gouffre financier)
- Dépréciation
- Perte annuelle moyenne : 8-12% pour les modèles récents
- Impact des problèmes connus : -15 à -20% sur la valeur de revente
Quelle génération privilégier ? Le guide du choix éclairé
Vous persistez dans votre projet d’achat ? Voici les configurations qui minimiseront vos risques :
- Pour le petit budget
- Optez pour une 2ème génération (2014-2021) avec boîte manuelle
- Visez un kilométrage inférieur à 100 000 km
- Préférez un modèle post-rappel de 2017
- Budget estimé : 5 500-8 000€ selon l’année et l’équipement
- Pour l’usage principalement urbain
- 2ème génération, finition x-cite ou x-play (après 2017)
- Recherchez les modèles équipés du système multimédia Toyota Touch
- Contrôlez la présence des aides à la conduite urbaine (caméra de recul, radar de stationnement)
- Budget estimé : 8 000-12 000€ selon l’année et l’équipement
- Les choix à bannir catégoriquement
- 1ère génération diesel : le chaos mécanique à l’état pur
- Toutes versions à boîte robotisée : un cauchemar électronique
- Exemplaires produits entre octobre et décembre 2014 (problèmes de direction)
- Modèles ayant subi un accident (fragilisation structurelle)
Le conseil final
La Toyota Aygo présente un visage à double tranchant sur le marché de l’occasion. D’un côté, cette mini-citadine séduit par son gabarit urbain idéal, sa consommation frugale et son prix d’achat accessible. De l’autre, elle révèle des faiblesses structurelles préoccupantes – embrayage prématurément défaillant, direction assistée capricieuse et étanchéité douteuse – particulièrement sur la première génération (2005-2014). Les versions diesel et à boîte robotisée constituent les pires configurations, véritables nids à problèmes coûteux qui transforment rapidement l’économie initiale en gouffre financier.
Si vous êtes déterminé à acquérir une Aygo, optez pour un modèle de seconde génération (post-2018) avec boîte manuelle et finition supérieure, mais uniquement après une inspection professionnelle approfondie et vérification méthodique de l’historique d’entretien. Ces précautions fondamentales, associées à une négociation tenant compte des interventions prévisibles, vous permettront peut-être de faire de cette petite japonaise une compagne urbaine fiable – à condition d’accepter ses limitations intrinsèques et de la cantonner principalement aux trajets courts pour lesquels elle a été conçue.