Fiabilité Moteurs Renault Mercedes : Faut-il s’en méfier ?

par Maxime Laurent
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Imaginez la surprise des passionnés d’automobile lorsqu’en 2010, Mercedes-Benz, fleuron de l’industrie premium allemande, annonce sa collaboration avec Renault pour la fourniture de moteurs. Une décennie plus tard, plus de 2 millions de Mercedes équipées de moteurs Renault sillonnent les routes européennes. Mais cette alliance technique soulève encore de nombreuses questions. Ces motorisations sont-elles vraiment à la hauteur du prestige de l’étoile ?

Présentation du partenariat Renault Mercedes : pourquoi cette collaboration ?

Tel un mariage arrangé entre deux familles aux traditions bien différentes, l’alliance Renault-Mercedes répondait initialement à des impératifs économiques et environnementaux. Mercedes-Benz, confronté aux normes européennes CO2 de plus en plus strictes, devait impérativement réduire les émissions de sa gamme compacte.

Cette collaboration représentant un investissement de 1,2 milliard d’euros a apporté des bénéfices significatifs pour les deux constructeurs :

Pour Mercedes :

  • Réduction de 30% des coûts de développement sur les petites cylindrées
  • Accès à des motorisations déjà conformes aux normes Euro 6d-TEMP
  • Possibilité de proposer des modèles d’entrée de gamme plus accessibles

Du côté de Renault, cette alliance offrait une opportunité unique d’améliorer ses processus qualité selon les standards allemands et de bénéficier d’un transfert de technologies premium, notamment en matière d’isolation phonique.

Les moteurs Renault équipant des Mercedes : analyse détaillée

Le 1.5 dCi : La success-story inattendue

Ce diesel de 1461 cm³, véritable bestseller de Renault depuis 2001, a connu une seconde jeunesse sous le capot des Mercedes. Rebaptisé OM608 par Stuttgart, ce moteur a bénéficié d’une cure de jouvence significative avec une nouvelle calibration électronique exclusive et une isolation phonique renforcée permettant une réduction de 4 décibels par rapport à la version Renault.

Les performances mesurées en conditions réelles impressionnent : de nombreux utilisateurs rapportent des moyennes de 4,2L/100km sur autoroute, tandis que le cycle mixte WLTP officiel s’établit entre 4,5 et 4,8L/100km. Le couple généreux de 260 Nm dès 1750 tr/min assure des reprises franches et un agrément de conduite digne de l’étoile.

Caractéristiques techniques principales :

  • Puissance : 95 ch, 109 ch ou 116 ch selon les versions
  • Couple : 260 Nm à 1750 tr/min
  • Consommation mixte WLTP : 4,5 à 4,8 L/100km
  • Émissions CO2 : 117-125 g/km

Cependant, quelques points de vigilance s’imposent passé les 150 000 kilomètres. Le turbo peut nécessiter un remplacement coûteux (1800-2500€), et les injecteurs se montrent sensibles à la qualité du carburant. Un entretien rigoureux, particulièrement le nettoyage de la vanne EGR vers les 100 000 kilomètres, reste indispensable pour assurer la longévité du moteur.

Le 1.3 TCe : L’enfant prodige de la collaboration

Développé conjointement pour un investissement de plus de 500 millions d’euros, ce quatre cylindres essence incarne la parfaite synthèse entre savoir-faire français et exigence allemande. Son architecture moderne intègre une injection directe à 250 bars et un turbocompresseur à géométrie variable.

VersionPuissanceCouple0-100 km/hConso. mixte
A180136 ch200 Nm9.2s6.2L/100km
A200163 ch250 Nm8.2s6.5L/100km
A220190 ch300 Nm7.4s6.8L/100km

Points forts observés après 5 ans d’utilisation :

  • Excellent compromis performances/consommation
  • Sonorité travaillée et vibrations maîtrisées
  • Fiabilité globale supérieure à la moyenne du segment
  • Coûts d’entretien raisonnables

Le moteur 1.3 TCe demande toutefois une attention particulière à certains aspects techniques. En effet, comme tout moteur moderne à injection directe, il nécessite un suivi rigoureux du niveau d’huile, particulièrement pendant la période de rodage. Les remontées du terrain montrent une consommation d’huile légèrement supérieure à la moyenne durant les 20 000 premiers kilomètres, qui se stabilise ensuite à des niveaux normaux.

Fiabilité des moteurs Renault chez Mercedes

L’expérience accumulée depuis 2010 permet aujourd’hui d’avoir une vision claire des forces et faiblesses de ces motorisations. Les retours d’expérience des concessionnaires et des propriétaires démontrent une fiabilité globalement satisfaisante, avec quelques points d’attention spécifiques selon les motorisations.

Problèmes courants des moteurs Renault chez Mercedes

Les principales interventions rencontrées concernent trois domaines distincts. L’électronique représente le premier poste d’intervention, avec des dysfonctionnements occasionnels du système Stop & Start et des capteurs parfois capricieux. La mécanique pure constitue le second domaine, principalement autour du circuit d’admission et d’injection. Enfin, les périphériques comme les supports moteur ou les joints d’étanchéité nécessitent parfois une surveillance accrue.

Problèmes fréquemment rapportés :

  • Sur le 1.5 dCi :
    • Encrassement des vannes EGR (intervention vers 80-100 000 km)
    • Usure prématurée des supports moteur (120-150 000 km)
    • Fuites au niveau des injecteurs (après 150 000 km)
  • Sur le 1.3 TCe :
    • Consommation d’huile durant le rodage
    • Bobines d’allumage fragiles sur les premiers modèles
    • Rampe d’injection nécessitant parfois un nettoyage préventif

Coût d’entretien et réparation des moteurs Renault chez Mercedes

L’entretien de ces motorisations présente un avantage financier certain par rapport aux moteurs Mercedes traditionnels. Le coût moyen annuel d’entretien s’établit entre 400 et 600 euros selon l’utilisation, soit environ 25% de moins que pour un moteur équivalent de conception purement Mercedes.

Tableau comparatif des coûts d’entretien courants :

Type d’interventionCoût moyen réseau MercedesCoût moyen réseau indépendant
Révision annuelle450-550€300-400€
Vidange + filtres180-250€120-180€
Remplacement distribution750-900€500-650€
Nettoyage injecteurs350-450€250-350€

Les Mercedes équipées de moteur Renault

La collaboration entre les deux constructeurs s’est principalement concentrée sur la gamme compacte de Mercedes. Le succès de ces motorisations a conduit à leur déploiement progressif sur une gamme de plus en plus large de modèles, du petit GLA jusqu’à certaines versions de la Classe C.

Évolution des modèles équipés au fil des années :

Première vague (2012-2018) :

  • Classe A (W176) : principalement en diesel 1.5
  • Classe B (W246) : versions économiques
  • CLA première génération : motorisations d’entrée de gamme

Les nouveaux modèles concernés :

  • Classe A (W177) : large diffusion du 1.3 TCe
  • GLA et GLB : versions essence et diesel
  • Classe C : certaines versions en 1.3 TCe

Voici un tableau récapitulatif des modèles Mercedes utilisant des moteurs Renault :

Modèle MercedesMoteur RenaultAnnéesPuissances
Classe A (W176)1.5 dCi2012-2018109ch
Classe A (W177)1.3 TCe2018+136-163ch
Classe B (W246)1.5 dCi2011-2018109ch
Classe B (W247)1.3 TCe2019+136-163ch
GLA (X156)1.5 dCi2013-2020109ch
GLB (X247)1.3 TCe2019+136-163ch
CLA (C117)1.5 dCi2013-2019109ch
CLA (C118)1.3 TCe2019+136-163ch
Classe C (W205)1.6 dCi2014-2018130ch
Citan1.5 dCi2012+75-111ch

Comment savoir si la Mercedes est équipée d’un moteur Renault ?

L’identification d’un moteur Renault sous le capot d’une Mercedes nécessite un œil averti. Au-delà du numéro moteur gravé sur le bloc, plusieurs indices permettent de reconnaître l’origine de la motorisation. Le cache moteur arbore une conception spécifique, tandis que la position des auxiliaires et la disposition des connecteurs électriques trahissent la conception Renault.

Plusieurs méthodes permettent d’identifier un moteur Renault dans une Mercedes :

  1. Via le numéro de moteur :
  • OM608 : moteur 1.5 dCi Renault
  • M282 : moteur 1.3 TCe co-développé
  • OM626 : moteur 1.6 dCi Renault
  1. Par la documentation :
  • Carte grise (rubrique P.5)
  • Carnet d’entretien
  • Manuel du propriétaire
  1. Par inspection visuelle :
  • Cache moteur spécifique
  • Autocollant d’identification sur le bloc moteur
  • Position caractéristique des auxiliaires
  1. Via le système multimédia :
  • Menu diagnostic
  • Information véhicule
  • Données techniques

Conseil pratique : En cas de doute, le numéro de série du véhicule (VIN) permet à tout concessionnaire Mercedes d’identifier précisément la motorisation.

Conclusion

Après plus d’une décennie de collaboration, le bilan s’avère largement positif. Les motorisations Renault ont su s’adapter aux exigences de Mercedes tout en conservant leurs qualités intrinsèques de sobriété et d’efficience. La fiabilité, initialement source d’inquiétude, s’est révélée globalement satisfaisante, notamment grâce aux adaptations spécifiques réalisées pour Mercedes.

Pour un futur acheteur, ces motorisations représentent un excellent compromis entre prestations et coûts d’utilisation. Nous recommandons toutefois de privilégier les exemplaires disposant d’un historique d’entretien complet et de prévoir un budget pour les opérations de maintenance préventive, particulièrement sur les modèles approchant les seuils kilométriques critiques (100 000 et 150 000 km).

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