Dans un contexte automobile en perpétuelle évolution, Renault s’est imposé comme l’un des constructeurs majeurs du marché européen. Si la marque au losange a su développer des motorisations devenues légendaires pour leur fiabilité, certaines mécaniques ont néanmoins connu des déboires parfois coûteux pour leurs propriétaires. À l’heure où le choix d’un véhicule d’occasion n’a jamais été aussi crucial pour le budget des ménages, il devient essentiel de savoir identifier les motorisations fiables et celles qui méritent plus de circonspection.
Avant d’entrer dans le détail de notre analyse, voici un tableau récapitulatif des motorisations Renault les plus problématiques :
Motorisation | Période | Problèmes fréquents | Coût des réparations |
---|---|---|---|
1.2 TCe (H5Ft) | 2012-2016 | – Consommation d’huile excessive – Segments de pistons défectueux – Casse moteur prématurée – Encrassement des soupapes | – Réfection moteur : 4000-6000€ – Remplacement moteur : 7000-9000€ – Segments et joints : 2500-3500€ |
1.6 dCi (R9M) | 2011-2016 | – Turbo défectueux – Injecteurs fragiles – Vanne EGR sensible – Problèmes de joint de culasse | – Turbo : 1500-2500€ – Injecteurs : 1800-2800€ – Vanne EGR : 500-800€ – Joint de culasse : 1500-2000€ |
2.0 dCi (M9R) | 2005-2011 | – Joint de culasse – Injecteurs Continental – Volant moteur bi-masse – Préconisations d’entretien strictes | – Joint de culasse : 1800-2500€ – Injecteurs : 2000-3000€ – Volant bi-masse : 1200-1800€ |
1.5 dCi (K9K) avant 2007 | 2001-2007 | – Injecteurs Delphi – Turbo fragile – Joint de culasse | – Injecteurs : 1500-2000€ – Turbo : 1000-1500€ – Joint de culasse : 1200-1800€ |
1.9 dCi (F9Q) | 2001-2008 | – Injecteurs – Pompe à injection – Joint de culasse – Turbo | – Injecteurs : 1600-2400€ – Pompe : 1500-2000€ – Joint de culasse : 1500-2000€ |
1.6 16v RS (F4R) | 2000-2010 | – Distribution – Joints spis d’arbre à cames – Consommation d’huile | – Distribution : 700-1000€ – Joints spis : 500-800€ – Réfection haut moteur : 1500-2500€ |
Les points essentiels à retenir :
Avant d’entrer dans le détail de chaque motorisation, voici les éléments clés à garder à l’esprit :
- Les moteurs essence récents (après 2018) sont globalement fiables
- Le 1.5 dCi reste une valeur sûre toutes générations confondues
- Les premiers 1.2 TCe (2012-2016) sont à éviter
- Les diesels nécessitent une attention particulière à l’entretien
- Les motorisations hybrides récentes manquent encore de recul
Les moteurs Renault à éviter
Le cas du 1.2 TCe : l’enfant terrible de Renault
Le moteur 1.2 TCe représente parfaitement les défis liés au downsizing, cette tendance consistant à réduire la cylindrée tout en maintenant les performances grâce à la suralimentation. Commercialisé entre 2012 et 2016, ce bloc essence s’annonçait comme une petite révolution, promettant performances et sobriété. Malheureusement, la réalité s’est avérée plus complexe.
Les problèmes majeurs rencontrés :
- Consommation d’huile anormale pouvant atteindre 1L/1000km
- Segments de pistons défectueux sur certaines séries
- Risques de casse moteur avant 100 000 km
- Encrassement prématuré des soupapes
- Coûts de réparation souvent supérieurs à 4000€
Face à ces problèmes, Renault a progressivement apporté des modifications, aboutissant à une version nettement plus fiable après 2016. Les exemplaires récents ne présentent plus ces défauts chroniques, mais la réputation de ce moteur reste entachée par ces premières années catastrophiques.
Le 1.6 dCi : des ambitions contrariées
Successeur annoncé du mythique 1.5 dCi, le moteur 1.6 dCi (R9M) devait incarner l’avenir du diesel chez Renault. Sa conception moderne et ses performances prometteuses cachaient malheureusement plusieurs points faibles importants.
Les faiblesses identifiées :
- Turbocompresseur fragile nécessitant parfois un remplacement avant 100 000 km
- Injecteurs sensibles à la qualité du carburant
- Vanne EGR sujette à l’encrassement
- Problèmes de joints de culasse sur les premiers modèles
- Chaîne de distribution à surveiller particulièrement
Les versions les plus récentes (après 2017) ont bénéficié d’importantes améliorations, notamment au niveau de la robustesse du turbo et de la fiabilité des injecteurs. Toutefois, ce moteur reste plus délicat que son prédécesseur 1.5 dCi.
Le 2.0 dCi : grandeurs et décadences
Le moteur 2.0 dCi (M9R) mérite une attention particulière tant son histoire est représentative des défis rencontrés par Renault. Lancé avec de grandes ambitions, ce bloc diesel a connu plusieurs évolutions majeures.
Première génération (2005-2011) :
- Problèmes récurrents de joint de culasse
- Injecteurs Continental peu fiables
- Volant moteur bi-masse fragile
- Coûts d’entretien élevés
Deuxième génération (2011-2015) :
- Amélioration notable de la fiabilité
- Persistance de problèmes d’injecteurs
- Meilleure gestion de l’EGR
- Consommation d’huile à surveiller
Dernière génération (après 2015) :
- Fiabilité globalement satisfaisante
- Entretien moins problématique
- Coûts de maintenance plus raisonnables
Les problèmes moteurs récurrents chez Renault
Au-delà des cas particuliers, certains problèmes semblent affecter de manière récurrente les motorisations Renault. Ces points méritent une attention particulière lors de l’achat d’un véhicule d’occasion.
Systèmes de dépollution et leurs dérivés
Le circuit EGR constitue souvent le talon d’Achille des moteurs diesel Renault :
- Encrassement prématuré sur les petits trajets
- Dysfonctionnements fréquents en utilisation urbaine
- Coûts de nettoyage ou remplacement élevés
- Impact direct sur les performances moteur
Les filtres à particules nécessitent également une vigilance particulière :
- Régénérations difficiles sur les trajets courts
- Risques d’encrassement en utilisation exclusivement urbaine
- Coûts de remplacement importants
- Nécessité de roulages réguliers sur voie rapide
Problèmes de suralimentation
Les turbocompresseurs représentent un point sensible sur plusieurs motorisations :
- Usure prématurée sur certains modèles
- Fuites d’huile par les joints d’étanchéité
- Sifflements caractéristiques annonciateurs de problèmes
- Coûts de remplacement pouvant dépasser 2000€
Transmissions automatiques EDC
Les boîtes EDC (Efficient Dual Clutch) ont connu leur lot de déboires :
- À-coups sur les premières versions
- Problèmes électroniques récurrents
- Embrayages fragiles sur certaines séries
- Maintenance coûteuse et délicate
Ces problèmes systémiques, bien que sérieux, peuvent être largement minimisés par un entretien régulier et adapté. Le respect scrupuleux des intervalles de maintenance et l’utilisation de pièces et lubrifiants aux normes constructeur jouent un rôle crucial dans la longévité de ces éléments.
Guide des motorisations par modèle Renault
Renault Clio
La Clio, véritable porte-étendard de Renault depuis plus de 30 ans, a connu de nombreuses motorisations au fil des générations. Si certaines se sont révélées exemplaires, d’autres méritent une attention particulière lors de l’achat.
Motorisations recommandées :
- 1.5 dCi (toutes générations) : le choix de la raison
- 1.2 16v atmosphérique : idéal pour la ville
- TCe 90 et 100 (après 2018) : le meilleur compromis moderne
Motorisations à éviter :
- 1.2 TCe première génération (2012-2016)
- 1.6 16v RS anciennes générations (problèmes de distribution)
La quatrième génération (2012-2019) propose une large gamme de motorisations. Le 1.5 dCi reste la référence en diesel, particulièrement en version 90ch qui offre un excellent compromis entre performances et fiabilité. En essence, le nouveau 0.9 TCe s’est montré globalement fiable après les premiers mois de commercialisation, une fois les soucis de jeunesse résolus.
La Clio 5 (depuis 2019) marque un tournant avec l’arrivée de motorisations hybrides. Le TCe 100 constitue un excellent choix en essence, tandis que la version E-Tech hybride, bien que prometteuse, manque encore de recul.
Renault Twingo
Depuis son lancement en 1993, la Twingo a su se réinventer au fil des générations. De la première version à moteur avant jusqu’aux dernières moutures à moteur arrière, cette citadine populaire a connu différentes motorisations avec des niveaux de fiabilité variables.
Les moteurs à privilégier :
- 1.2 8v (D7F) : increvable et économique
- 1.2 16v (D4F) : excellent compromis performances/fiabilité
- 0.9 TCe 90 (après 2015) : moderne et dynamique
- 1.0 SCe 65 : sobre et suffisant en ville
Les versions à éviter :
- 1.2 TCe (2010-2013) : problèmes de fiabilité
- 1.6 16v RS (F4R) première génération : distribution fragile
- 0.9 TCe premières séries (2014-2015) : jeunesse problématique
La Twingo 3, avec son architecture originale à moteur arrière partagée avec la Smart Forfour, marque un tournant dans l’histoire du modèle. Le petit trois cylindres 1.0 SCe atmosphérique se montre particulièrement adapté à un usage urbain, tandis que le 0.9 TCe, une fois ses problèmes de jeunesse résolus, offre un surplus de performances bienvenu pour les trajets extra-urbains. La dernière évolution Electric, 100% électrique, ouvre un nouveau chapitre prometteur pour la citadine.
Renault Mégane
Fer de lance de Renault sur le segment C, la Mégane a connu des fortunes diverses selon ses motorisations. L’évolution technologique constante a parfois conduit à quelques déceptions.
Les moteurs à privilégier :
- 1.5 dCi 110 ch (versions récentes) : polyvalent et économique
- 1.3 TCe (à partir de 2018) : le renouveau essence
- 1.6 16v atmosphérique : simple et robuste
Les versions à éviter :
- 2.0 dCi première génération : problèmes de fiabilité
- 1.9 dCi (F9Q) ancien : technologie dépassée
- 1.2 TCe premières versions : consommation d’huile
La Mégane 4 marque une nette amélioration en termes de fiabilité, particulièrement avec l’introduction du 1.3 TCe développé en collaboration avec Mercedes. Ce moteur essence moderne offre un excellent compromis entre performances et sobriété, tout en affichant une fiabilité satisfaisante.
Renault Scénic
Le Scénic, pionnier du segment des monospaces compacts, nécessite une attention particulière dans le choix de sa motorisation, compte tenu de son usage principalement familial.
Motorisations conseillées :
- 1.5 dCi 110/115 ch : le choix rationnel
- 1.7 Blue dCi : moderne et efficient
- 1.3 TCe dernière génération : polyvalent
Motorisations à éviter :
- Boîte EDC : à privilégier sur les versions récentes
- Chaîne de distribution : surveillance accrue sur certains moteurs
- Entretien des filtres à particules : crucial sur ce type de véhicule
L’usage familial typique du Scénic implique souvent des charges importantes et des trajets variés. Le 1.5 dCi reste la référence, particulièrement en version 110/115 ch qui offre un excellent compromis entre performances et fiabilité.
Renault Captur
Premier SUV compact de Renault, le Captur a connu un succès commercial important, mais certaines motorisations se sont révélées plus pertinentes que d’autres.
Les motorisations à privilégier :
- 1.5 Blue dCi : sobriété et fiabilité
- 1.3 TCe après 2018 : performances convaincantes
- 0.9 TCe (usage urbain exclusif)
Motorisations à éviter :
- 1.2 TCe première génération : problèmes connus
- 1.5 dCi 90 première génération : manque de puissance
La deuxième génération de Captur (depuis 2019) marque une nette évolution, notamment avec l’introduction de la version E-Tech hybride rechargeable. Cette motorisation, bien que prometteuse, manque encore de recul pour juger de sa fiabilité à long terme.
Renault Kadjar
Partageant sa plateforme avec le Nissan Qashqai, le Kadjar bénéficie de motorisations éprouvées, mais certaines versions restent préférables.
Les motorisations à privilégier :
- 1.5 Blue dCi : économique et fiable
- 1.3 TCe 140/160 : excellent compromis
- 1.7 Blue dCi : puissant et robuste
Motorisations à éviter :
- Boîte EDC : préférer les versions récentes
- Entretien régulier du FAP crucial
- Surveillance accrue du turbo sur les versions puissantes
Renault Talisman
Remplaçante de la Laguna, la Talisman se positionne sur le segment des berlines familiales premium. Le choix de la motorisation est particulièrement crucial sur ce type de véhicule.
Les motorisations à privilégier :
- 1.7 Blue dCi : moderne et performant
- 1.3 TCe dernière génération : agréable et fiable
- 2.0 Blue dCi : puissant et mature
Motorisations à éviter :
- 1.6 dCi première génération : fiabilité moyenne
- 1.6 TCe première version : consommation élevée
Les moteurs Renault les plus fiables
Le 1.5 dCi : une référence incontournable
Véritable success-story de Renault, le moteur 1.5 dCi (K9K) mérite son surnom de « moteur increvable ». Introduit en 2001, ce bloc diesel a su évoluer au fil des années tout en conservant ses qualités fondamentales. Avec plus de 20 millions d’exemplaires produits, il équipe non seulement les Renault mais aussi de nombreux modèles Nissan, Mercedes et Dacia.
Ses atouts majeurs :
- Robustesse exceptionnelle dépassant facilement les 300 000 km
- Consommation modérée (4 à 5L/100km en moyenne)
- Entretien simple et relativement peu coûteux
- Excellent rapport performances/consommation
- Disponibilité et prix raisonnables des pièces détachées
Points de vigilance :
- Entretien régulier impératif (vidange tous les 20 000 km maximum)
- Qualité du carburant importante
- Roulages courts à éviter (FAP et EGR sensibles)
Les moteurs essence atmosphériques : le choix de la simplicité
Dans un monde automobile de plus en plus complexe, les moteurs essence atmosphériques de Renault conservent un charme particulier. Le 1.2 16v (D4F) et le 1.6 16v (K4M) se distinguent par leur simplicité mécanique et leur fiabilité exemplaire.
Avantages des blocs atmosphériques :
- Mécanique simple et éprouvée
- Coûts d’entretien modérés
- Fiabilité sur le long terme
- Moins sensibles à la qualité du carburant
Ces motorisations, bien que moins performantes que leurs équivalentes turbo, compensent par une robustesse à toute épreuve et des coûts d’entretien particulièrement contenus.
Conseils pratiques pour l’achat
Vérifications essentielles avant achat
Avant toute acquisition, une inspection minutieuse s’impose :
Documentation et historique :
- Carnet d’entretien complet et tamponné
- Factures des principales interventions
- Historique des rappels constructeur
- Certificats des contrôles techniques précédents
Points techniques à contrôler :
- État des organes de distribution
- Fonctionnement du turbocompresseur
- Niveau et qualité de l’huile moteur
- Régularité du ralenti
- Fumées à l’échappement
- Bruits moteur suspects
L’importance du test routier
Un essai routier complet permet de détecter d’éventuels problèmes :
- Démarrage à froid et à chaud
- Montée en régime progressive
- Comportement sur autoroute
- Absence de vibrations anormales
- Passage des rapports (boîte manuelle ou automatique)
Budget à prévoir
L’achat ne représente que la partie visible de l’iceberg :
Coûts d’entretien annuels moyens :
- Révision simple : 200-300€
- Vidange : 80-150€
- Filtres : 50-100€
- Courroie de distribution : 500-800€ (tous les 5 ans ou 100 000 km)
Provision conseillée pour imprévus :
- Petit rouleur (moins de 10 000 km/an) : 500€
- Rouleur moyen : 800€
- Grand rouleur : 1000-1500€
Conclusion : l’importance d’un choix éclairé
L’histoire des motorisations Renault, comme celle de tous les constructeurs, est jalonnée de succès et d’échecs. Si certains moteurs ont connu des déboires parfois coûteux, d’autres se sont imposés comme des références absolues en matière de fiabilité. La clé réside dans un choix éclairé, prenant en compte non seulement les retours d’expérience, mais également l’usage prévu du véhicule et son historique d’entretien.
Les progrès réalisés ces dernières années témoignent de la capacité de Renault à tirer les leçons du passé. Les motorisations récentes, qu’elles soient essence, diesel ou hybrides, affichent des niveaux de fiabilité globalement satisfaisants. Néanmoins, la maintenance préventive reste cruciale, quel que soit le moteur choisi.
Un entretien régulier et rigoureux, respectant scrupuleusement les préconisations du constructeur, constituera toujours la meilleure garantie de longévité pour votre véhicule. Dans cette optique, même un moteur réputé fragile pourra vous accompagner de nombreuses années, tandis qu’une mécanique robuste négligée pourra vous réserver de mauvaises surprises.
Le choix d’une motorisation Renault doit donc se faire en tenant compte de plusieurs critères :
- L’usage prévu (urbain, routier, mixte)
- Le kilométrage annuel envisagé
- Le budget d’entretien disponible
- L’historique du véhicule convoité
- La génération du moteur concerné
En définitive, plutôt que d’éviter catégoriquement certaines motorisations, il convient surtout de bien évaluer ses besoins et ses moyens, tout en privilégiant les versions ayant bénéficié des retours d’expérience et des améliorations constructeur. La fiabilité d’une automobile reste avant tout une question de maintenance et d’utilisation adaptée.