Polyvalent, confortable et dynamique, le Ford Kuga s’est imposé comme un acteur incontournable du marché des SUV compacts depuis son lancement en 2008. Pourtant, derrière cette success story se cachent quelques chapitres plus sombres. Entre défauts de conception, maladies chroniques et rappels constructeur, certaines motorisations transforment rapidement le rêve automobile en cauchemar financier.
Voici un aperçu des motorisations problématiques du Ford Kuga à travers ses trois générations :
Génération | Motorisation à éviter | Période | Principaux problèmes |
---|---|---|---|
1ère | 2.0 TDCi 136ch | 2008-2010 | Turbo fragile, injecteurs défectueux |
1ère | 2.5T essence 200ch | 2008-2012 | Chaîne de distribution, consommation excessive |
2ème | 1.6 EcoBoost 150/182ch | 2013-2016 | Surchauffe moteur, risque d’incendie |
2ème | 2.0 TDCi avec PowerShift | 2013-2019 | Défaillances boîte automatique |
3ème | 2.5 Duratec PHEV | 2020-2021 | Batterie défectueuse, risque d’incendie |
3ème | 1.5 EcoBlue 95/120ch | 2020-présent | Système AdBlue, FAP fragile |
Plongeons dans le détail de ces points faibles majeurs qui pourraient vous coûter des milliers d’euros en réparations.
Ford Kuga 1 (2008-2012) : Les modèles à éviter

Le Kuga de première génération a marqué l’entrée de Ford dans l’arène des SUV compacts en Europe. Un baptême du feu qui s’est accompagné de quelques brûlures mécaniques encore douloureuses aujourd’hui sur le marché de l’occasion.
2.0 TDCi 136ch : Le diesel problématique des débuts
Premier diesel à équiper massivement le Kuga, ce bloc de 136 chevaux cache sous son capot une série de faiblesses potentiellement ruineuses. Les exemplaires produits avant 2010 sont particulièrement touchés.
L’origine du mal? Un turbocompresseur mal dimensionné qui constitue le point de départ d’un cercle vicieux de défaillances. À la moindre surchauffe, le turbo commence à présenter des symptômes inquiétants : sifflements anormaux, fumée bleue à l’échappement, puis perte de puissance progressive.
Les signaux d’alerte qui doivent vous inquiéter :
- Fumée bleue/noire à l’échappement, particulièrement à l’accélération
- Perte de puissance progressive, notamment dans les côtes
- Sifflement aigu provenant de l’avant du moteur
- Consommation d’huile anormalement élevée
Ces premiers TDCi souffrent également d’injecteurs fragiles qui manifestent leur faiblesse par des démarrages difficiles et des cognements moteurs. Leur remplacement, au tarif de 350€ pièce, devient souvent nécessaire dès 120 000 km.
La bonne nouvelle ? Ford a pris conscience de ces faiblesses et apporté plusieurs modifications significatives à partir de 2010. Les exemplaires produits après cette date présentent une fiabilité nettement améliorée.
2.5T essence 200ch : La gourmandise n’est pas qu’un vilain défaut
Ce bloc 5 cylindres turbo emprunté à la Focus ST promet des sensations fortes avec ses 200 chevaux. Malheureusement, il offre aussi son lot de sensations désagréables au portefeuille.
Premier constat sans appel: sa consommation pharaonique. En usage mixte, comptez entre 11 et 13L/100km, pouvant grimper à 16L en conduite sportive ou urbaine.
Les défauts chroniques du 2.5T à surveiller :
- Chaîne de distribution détendue (claquement au démarrage, perte de puissance)
- Pompe à eau défaillante (surchauffe moteur, fuites de liquide de refroidissement)
- Consommation d’huile excessive (plus d’1L/2000km après 80 000 km)
- Soupapes et sièges de soupapes qui s’usent prématurément avec le carburant E10
L’autre faiblesse majeure réside dans son système de refroidissement. La pompe à eau, intégrée au bloc moteur, présente une durée de vie limitée. Son remplacement nécessite un démontage conséquent et donc une facture proportionnelle : environ 1000€ de main d’œuvre.
Ford Kuga 2 (2013-2019) : Les modèles à éviter

Plus moderne et technologique, la deuxième génération du Kuga promettait une expérience sans compromis. Malheureusement, deux motorisations en particulier ont sévèrement entaché cette ambition.
1.6 EcoBoost : Le petit moteur aux grands problèmes
L’idée semblait séduisante: un petit moteur essence turbocompressé offrant puissance et sobriété. La réalité s’est avérée bien différente, au point que ce bloc figure parmi les plus problématiques du groupe Ford.
Le problème majeur? Un défaut de conception du circuit de refroidissement. Suite à des fuites au niveau du bloc cylindres, ce moteur est sujet à des surchauffes catastrophiques, pouvant mener jusqu’à la casse moteur complète.
Comment reconnaître un 1.6 EcoBoost potentiellement défectueux :
- Montée en température anormale sur autoroute ou en côte
- Traces d’huile visibles sur le collecteur d’échappement
- Historique incomplet des rappels constructeur
- Fuites de liquide de refroidissement sous le véhicule
- Bruit métallique du moteur à froid
Cette faiblesse a d’ailleurs conduit à un rappel massif pour risque d’incendie, le défaut d’étanchéité du collecteur d’échappement pouvant provoquer des fuites d’huile sur des pièces brûlantes.
2.0 TDCi avec boîte PowerShift : Le mariage toxique
Si le 2.0 TDCi de deuxième génération s’est globalement montré fiable en version manuelle, son association avec la boîte automatique PowerShift constitue l’une des combinaisons les plus risquées de l’histoire récente de Ford.
Cette transmission à double embrayage à sec souffre de défauts de conception fondamentaux. Dès 40 000 km, les premiers symptômes apparaissent: à-coups au démarrage, hésitations lors des rétrogradages, bruits métalliques inquiétants.
Les symptômes d’une PowerShift en fin de vie :
- À-coups violents au démarrage et lors des changements de rapports
- Bruits de claquement métallique en rétrogradage
- Sensation de patinage à l’accélération
- Messages d’erreur « Transmission » au tableau de bord
- Passage intempestif en mode secours (limitation à 20-40 km/h)
Le drame de cette transmission réside dans son coût de réparation prohibitif. Un remplacement complet oscille entre 3500 et 4500€, soit souvent plus d’un tiers de la valeur du véhicule.
Ford Kuga 3 (2020-présent) : Les modèles à éviter

La dernière incarnation du Kuga témoigne des bouleversements que traverse l’industrie automobile: électrification massive et normes d’émissions drastiques. Ces nouvelles technologies apportent leur lot de complications.
2.5 Duratec hybride rechargeable : Le pionnier instable
L’hybride rechargeable représentait une étape cruciale dans la stratégie d’électrification de Ford. Malheureusement, les débuts ont été chaotiques.
L’été 2020 marque un tournant dramatique: Ford annonce un rappel mondial de tous ses Kuga PHEV suite à plusieurs incendies spontanés. La cause? Un défaut de conception de la batterie haute tension pouvant provoquer une surchauffe critique lors de la recharge.
Chronologie des problèmes du Kuga PHEV :
- Juillet 2020: Premiers incendies spontanés signalés
- Août 2020: Suspension des ventes et rappel de sécurité
- Septembre 2020: Consigne de ne plus recharger les véhicules
- Décembre 2020: Début du programme de remplacement des batteries
- Mi-2022: Dernières modifications techniques pour résoudre définitivement le problème
La bonne nouvelle? Ford a profondément revu sa copie à partir de 2022, avec une nouvelle génération de batteries et une gestion électronique améliorée.
1.5 EcoBlue diesel : Les affres des normes antipollution
Remplaçant du vieillissant 1.5 TDCi, ce nouveau diesel baptisé EcoBlue devait incarner l’avenir du diesel propre chez Ford. Un pari technologique qui s’est heurté à la réalité du terrain et des normes d’émissions ultra-strictes.
Pour respecter ces normes, Ford a dû complexifier considérablement ce moteur: système AdBlue, catalyseur SCR, filtre à particules dernière génération, vanne EGR refroidie… Une débauche technologique qui multiplie les points de défaillance potentiels.
Les défauts chroniques du 1.5 EcoBlue :
- Système AdBlue capricieux (consommation excessive, messages d’erreur)
- Filtre à particules sous-dimensionné pour les usages urbains
- Vanne EGR fragile, s’encrassant dès 40 000 km
- Injecteurs sensibles à la qualité du carburant
- Joints d’étanchéité peu durables sur le circuit de refroidissement
Si vous devez absolument opter pour un diesel sur la dernière génération de Kuga, privilégiez plutôt le 2.0 EcoBlue 150/190ch, nettement plus robuste et mature technologiquement.
Les modèles de Ford Kuga les plus fiables
Fort heureusement, toutes les motorisations du Kuga ne sont pas à fuir. Certaines versions se distinguent par une robustesse éprouvée et des coûts d’entretien raisonnables.
Première génération (2008-2012)
- ✓ 2.0 TDCi 140ch après 2010 – Bénéficie des correctifs apportés par Ford, très endurant
- ✓ 2.0 TDCi 163ch – Bloc renforcé offrant un excellent équilibre performances/fiabilité
- ✓ 2.0 TDCi avec boîte manuelle exclusivement – Les transmissions automatiques Powershift sont à bannir
Deuxième génération (2013-2019)
- ✓ 1.5 TDCi 120ch – Sobre, fiable mais performances limitées sur longs trajets
- ✓ 2.0 TDCi 150/180ch après 2015 avec boîte manuelle – Excellente motorisation mature
- ✓ 1.5 EcoBoost 150ch après 2017 – Nettement plus fiable que le 1.6 EcoBoost
Troisième génération (2020-présent)
- ✓ 1.5 EcoBoost 150ch – Moteur essence éprouvé, simple et relativement sobre
- ✓ 2.0 EcoBlue 150/190ch – Plus fiable que le petit 1.5 EcoBlue
- ✓ 2.5 Duratec hybride après mi-2022 – Bénéficie des corrections apportées suite aux rappels
Guide d’achat pour un Ford Kuga d’occasion
Au-delà des motorisations à privilégier ou éviter, quelques conseils pratiques s’imposent pour dénicher la perle rare sur le marché de l’occasion.
Inspection : Les points critiques à vérifier
L’examen d’un Kuga d’occasion mérite une attention particulière sur plusieurs aspects souvent révélateurs:
L’état du liquide de refroidissement est crucial – une couleur rouillée ou un niveau bas indique potentiellement un problème de joint de culasse. Vérifiez également l’absence de mayonnaise sous le bouchon d’huile, signe d’un mélange eau-huile catastrophique.
Surveillez attentivement les fumées d’échappement au démarrage à froid – une fumée bleue trahit une consommation d’huile, blanche un problème de joint de culasse.
Checklist indispensable avant achat :
- Contrôler les codes défaut avec un lecteur OBD (de nombreux concessionnaires le font gratuitement)
- Vérifier si les rappels de sécurité ont été effectués (particulièrement pour les 1.6 EcoBoost et hybrides)
- Inspecter l’état des durites et raccords du circuit de refroidissement
- Tester toutes les vitesses de la boîte PowerShift si le véhicule en est équipé
- Examiner l’état de charge de la batterie haute tension sur les modèles hybrides
Testez exhaustivement l’électronique embarquée : climatisation, système multimédia, capteurs de stationnement, qui peuvent présenter des défaillances coûteuses.
Les traces d’huile sous le véhicule doivent vous alerter, particulièrement au niveau de la boîte de vitesses PowerShift.
Sur les versions hybrides, vérifiez impérativement l’historique des rappels et effectuez un test en mode purement électrique. Une autonomie électrique significativement réduite par rapport aux valeurs d’origine est souvent le signe d’une dégradation prématurée de la batterie.
Budget : Une vision réaliste des coûts
Posséder un Ford Kuga implique une vision claire des dépenses à anticiper :
Type de dépense | Première génération | Deuxième génération | Troisième génération |
---|---|---|---|
Entretien annuel | 600-900€ | 700-1100€ | 800-1500€ |
Pièces d’usure fréquentes | Turbo, injecteurs, FAP | Embrayage PowerShift, refroidissement | Système AdBlue, électronique hybride |
Consommation réelle | – 7-9L/100km (diesel) – 11-13L/100km (2.5T) | – 5,5-7L/100km (diesel) – 7-9L/100km (essence) | – 5-6,5L/100km (diesel) – 5,5-7L/100km (hybride) |
Dépréciation annuelle | 8-12% | 12-15% | 15-20% |
Les erreurs à éviter
L’achat d’un Kuga d’occasion comporte plusieurs pièges classiques :
- Céder à la tentation d’un modèle récent mais équipé d’une motorisation problématique – un Kuga plus ancien avec un moteur fiable constitue souvent un meilleur investissement.
- Sous-estimer l’importance de l’historique d’entretien complet – un véhicule sans carnet régulièrement tamponné doit immédiatement éveiller les soupçons.
- Négliger la vérification des rappels constructeur – particulièrement critique sur les 1.6 EcoBoost et les hybrides rechargeables.
- Privilégier le kilométrage bas au détriment de l’état général – un Kuga à faible kilométrage mais ayant connu de longues périodes d’immobilisation peut présenter davantage de problèmes qu’un exemplaire plus kilométré mais régulièrement utilisé.
- Ignorer les signes d’usure prématurée lors de l’essai – vibrations, bruits anormaux ou voyants qui s’allument occasionnellement sont rarement de bon augure.
Conclusion : Naviguer sereinement dans l’univers Kuga
Le Ford Kuga, malgré ses faiblesses sur certaines motorisations, reste un SUV séduisant par son comportement routier, son confort et sa polyvalence. La clé d’une expérience réussie réside dans un choix éclairé de motorisation.
La première génération offre désormais un excellent rapport qualité/prix, particulièrement en diesel 2.0 TDCi post-2010. La seconde génération nécessite davantage de vigilance, en évitant absolument les 1.6 EcoBoost et toute version équipée d’une boîte PowerShift. Quant à la dernière génération, privilégiez les exemplaires récents pour les versions hybrides, le temps ayant permis à Ford de corriger les défauts de jeunesse.
L’histoire du Kuga illustre parfaitement les défis de l’industrie automobile moderne: la course à l’innovation technologique et aux performances s’accompagne parfois de sacrifices en termes de fiabilité. Une leçon qui rappelle qu’en matière d’automobile, les solutions éprouvées l’emportent souvent sur les promesses révolutionnaires.