Lancé en grande pompe fin 2022 pour succéder au Kadjar, le Renault Austral s’est rapidement imposé comme un acteur incontournable du segment des SUV compacts. Avec son design affirmé, sa planche de bord high-tech et ses promesses d’efficience, le nouveau porte-étendard de Renault a séduit plus de 70 000 clients européens en 2023.
Mais derrière cette belle façade se cachent des différences considérables entre les motorisations proposées. Certaines versions peuvent transformer l’expérience de propriété en véritable chemin de croix, tandis que d’autres offrent une tranquillité d’esprit bienvenue. Alors, comment éviter les pièges et faire le bon choix ? Plongeons dans les coulisses de ce SUV franco-nippon aux multiples visages.
Les motorisations à éviter
Comme un fruit magnifique mais avec des zones à éviter soigneusement, l’Austral propose certaines motorisations qui se révèlent problématiques. Passons en revue ces versions à écarter de votre liste.
1.2 E-Tech Hybride 200 ch : Le talon d’Achille du fleuron
La version hybride full E-Tech de 200 ch devait être la vitrine technologique de Renault, combinant performances et économies de carburant. Malheureusement, cette promesse tourne souvent au cauchemar pour les propriétaires. Cette motorisation cumule un nombre alarmant de problèmes :
- Problèmes d’injection récurrents : Le message « injection à contrôler » apparaît fréquemment sur le tableau de bord
- Comportement routier dégradé : La voiture se met à brouter et connaît des ratés d’allumage
- Défaillances du mode électrique : Le système hybride cesse parfois de fonctionner complètement
- Pannes précoces : Des problèmes surviennent souvent dès 5000-6000 km
- Immobilisations prolongées : Certains propriétaires rapportent des semaines d’attente pour obtenir des pièces
Plus inquiétant encore, ces problèmes touchent des véhicules quasi neufs, parfois avec moins de 10 000 km au compteur. Un jeune acheteur de Normandie témoignait récemment avoir vu son Austral neuf immobilisé pendant 32 jours en concession pour un simple remplacement de bougies. Une situation kafkaïenne qui soulève des questions sur la mise au point de cette motorisation.
1.2 TCe 130 ch Mild Hybrid : L’entrée de gamme fragile
Cette motorisation d’entrée de gamme utilise également le trois cylindres 1.2, mais dans une version moins puissante avec une simple hybridation légère 48V. Si elle génère moins de retours négatifs que sa grande sœur hybride, elle présente néanmoins des faiblesses notables :
- Problèmes électroniques : Système qui ne se met pas complètement en veille
- Batterie vulnérable : Décharge rapide après quelques jours d’immobilisation
- Puissance insuffisante : Performances limitées, surtout en charge ou sur terrain accidenté
- Boîte manuelle perfectible : Agrément de conduite en retrait
- Vibrations typiques des trois cylindres : Ressenti particulièrement au ralenti
Ce moteur, malgré sa simplicité relative par rapport à l’hybride complet, peine à convaincre dans un véhicule de ce gabarit. Comme un coureur amateur dans une compétition professionnelle, il semble souvent dépassé par l’ampleur de la tâche.
Les défauts généraux du Renault Austral
Au-delà des problèmes de motorisation, l’Austral présente des défauts transversaux qui touchent plusieurs versions. Ces points faibles constituent la face cachée de ce SUV aux ambitions premium.
Le problème spécifique du circuit de refroidissement
Un problème particulier mérite une attention spéciale : le système de refroidissement des modèles 1.2 E-Tech produits jusqu’à fin 2023. Tel un talon d’Achille technique, ce défaut a même fait l’objet de notes techniques internes chez Renault :
- Défaillance de la pompe à eau électrique sur les moteurs H5F indice 601
- Fuites de liquide de refroidissement dans le vase d’expansion
- Messages d’erreur liés à la surchauffe et risques de dommages moteur
- Interventions complexes nécessitant parfois le démontage partiel du moteur
Ce problème spécifique a été officiellement reconnu par Renault, qui a amélioré la pompe à eau électrique à partir de juin 2023. Un élément à vérifier impérativement avant tout achat d’une Austral de première génération.
Une boîte de vitesse au comportement erratique
La transmission des versions hybrides E-Tech est particulièrement critiquée pour son comportement imprévisible :
- Lenteur de réaction lors des sollicitations de puissance
- Temps de latence dangereux lors des dépassements sur route
- À-coups désagréables en conduite urbaine
- Passages de rapports parfois brutaux créant un sentiment d’insécurité
Cette boîte multimode à crabots, technologiquement issue de la F1 selon Renault, se révèle finalement plus problématique qu’innovante dans l’usage quotidien. Comme une promesse technologique qui ne tient pas ses engagements.
L’univers électronique instable
Le système multimédia OpenR Link et diverses fonctions électroniques souffrent de bugs récurrents :
- Plantages du système multimédia nécessitant des redémarrages
- Connexion Bluetooth et smartphone capricieuse
- Caméra de recul qui fonctionne aléatoirement
- GPS qui perd sa position ou propose des itinéraires aberrants
- Aides à la conduite parfois trop intrusives ou défaillantes
Ces problèmes rappellent les débuts difficiles du système R-Link des précédentes générations Renault, comme si l’histoire se répétait malgré les promesses d’une nouvelle ère technologique.
Une qualité de fabrication en demi-teinte
Malgré les ambitions premium de Renault pour l’Austral, la qualité de fabrication ne suit pas toujours. Des défauts récurrents ternissent l’expérience :
- Bruits parasites : Sifflements d’air à vitesse élevée et grincements de plastiques intérieurs
- Finitions approximatives : Alignements de panneaux de carrosserie imparfaits
- Matériaux fragiles : Plastiques qui se rayent facilement dans l’habitacle
- Joints de porte mal ajustés : Nécessitant parfois un remplacement dès les premiers mois
- Fixations défaillantes : Éléments intérieurs qui se desserrent avec le temps
Comme un costume de belle apparence mais mal ajusté, l’Austral donne parfois l’impression d’avoir été assemblé à la hâte. Ces problèmes, bien que moins graves que les défaillances mécaniques, nuisent à l’impression de qualité que Renault souhaite véhiculer.
Consommation décevante sur les versions hybrides
La promesse d’une faible consommation constitue l’argument de vente principal des versions hybrides. Pourtant, de nombreux propriétaires expriment leur déception face aux chiffres réels :
- Écart important avec les valeurs annoncées : Jusqu’à 2L/100km de différence
- Consommation en ville décevante : Souvent 6-7L/100km contre 4-5L/100km annoncés
- Performance hybride limitée : Proportion de conduite électrique plus faible que prévu
- Sur-régimes fréquents avant les changements de rapport qui augmentent la consommation
- Système de régénération d’énergie peu efficace en conditions réelles
Cette réalité contredit frontalement l’argumentaire commercial de Renault qui met en avant des économies substantielles à l’usage. Un propriétaire résumait amèrement : « J’économise peut-être à la pompe par rapport à un diesel, mais quand j’additionne les jours d’immobilisation et les trajets en véhicule de prêt, le bilan est catastrophique. »
Tableau comparatif des problèmes par motorisation
| Problème | 1.2 E-Tech 200 ch | 1.2 TCe 130 ch | 1.3 TCe 160 ch |
|---|---|---|---|
| Injection | Très fréquent | Occasionnel | Rare |
| Circuit refroidissement | Problématique | Fiable | Fiable |
| Batterie | Décharges possibles | Décharges fréquentes | Stable |
| Boîte de vitesse | Lente et imprévisible | Manuelle correcte | CVT fiable |
| Qualité fabrication | Moyenne | Moyenne | Moyenne |
| Consommation réelle | 6-7 L/100km | 7-8 L/100km | 7.5-8.5 L/100km |
| Fiabilité générale | Problématique | Moyenne | Bonne |
| Immobilisations | Fréquentes et longues | Rares | Très rares |
Les motorisations les plus fiables
Face à ce tableau parfois sombre, une éclaircie existe dans la gamme Austral. Certaines motorisations tirent leur épingle du jeu et méritent votre attention.
1.3 TCe 160 ch : Le choix de la raison
Le moteur 1.3 TCe 160 ch se distingue comme l’option la plus rationnelle dans la gamme Austral. Ce quatre cylindres, développé conjointement avec Mercedes-Benz, bénéficie d’une expérience déjà acquise sur d’autres modèles Renault et offre une fiabilité nettement supérieure.
Ses points forts incluent :
- Architecture éprouvée à quatre cylindres, plus équilibrée et moins vibrante
- Couple généreux de 270 Nm disponible dès les bas régimes
- Hybridation légère 12V suffisante pour réduire la consommation sans ajouter de complexité
- Boîte automatique CVT X-Tronic à l’agrément correct et à la fiabilité établie
- Performances équilibrées : 0 à 100 km/h en 9,1 secondes
Ce moteur, comme un vétéran expérimenté au milieu de jeunes recrues, apporte une sérénité bienvenue dans l’univers parfois chaotique de l’Austral. Il représente un excellent compromis entre performances, agrément et fiabilité.
Les versions récentes : Bénéfices des corrections
Renault n’est pas resté inactif face aux problèmes rencontrés. Les modèles produits après fin 2023 ont bénéficié de nombreuses améliorations :
- Pompe à eau électrique redessinée à partir de juin 2023
- Mise à jour des calculateurs moteur pour résoudre certains problèmes d’injection
- Meilleure étanchéité du circuit de refroidissement
- Mises à jour logicielles pour le système multimédia
- Corrections des problèmes d’alignement de carrosserie
Ces améliorations continues, typiques de la première année de commercialisation d’un nouveau modèle, rendent les Austral récentes sensiblement plus fiables que les premiers exemplaires sortis des chaînes de montage.
Guide d’achat du Renault Austral
Comment naviguer dans ces eaux parfois troubles et faire un choix éclairé ? Voici un guide pratique pour vous orienter vers la meilleure configuration possible.
Quelle version privilégier ?
La version idéale dépend de vos besoins et de votre budget, mais certaines recommandations s’imposent :
Option la plus recommandée : 1.3 TCe 160 ch en finition Techno
- Excellent rapport équipement/prix
- Motorisation la plus fiable de la gamme
- Boîte automatique CVT agréable au quotidien
- Prix d’occasion attractif (environ 32 000 € pour un modèle de 2023 avec 15 000 km)
Pour un budget serré : 1.2 TCe 130 ch récent (après 2023)
- Privilégiez un faible kilométrage et un historique d’entretien complet
- Vérifiez l’absence de problèmes électroniques et de batterie
- Considérez un modèle sous garantie constructeur
- Budget approximatif : 29 000 € pour un modèle récent avec moins de 10 000 km
À éviter absolument : 1.2 E-Tech Hybride 200 ch des premières séries
- Trop de problèmes récurrents et coûteux
- Immobilisations fréquentes et prolongées
- Coûts d’entretien potentiellement élevés
- Si vous y tenez absolument, visez uniquement les modèles fabriqués après mi-2023
Vérifications essentielles avant achat
Face à un Austral d’occasion, soyez particulièrement vigilant sur ces points :
- Historique d’entretien complet : Recherchez les traces d’interventions sur le système d’injection ou le circuit de refroidissement
- Date de production : Vérifiable via le numéro de série, préférez les modèles après septembre 2023
- Diagnostic électronique complet : Indispensable pour détecter d’éventuels codes défaut en mémoire
- Test routier approfondi incluant :
- Accélérations franches pour tester la réactivité de la boîte
- Conduite à vitesse stabilisée pour détecter d’éventuels bruits parasites
- Fonctionnement de toutes les aides à la conduite
- Test du système multimédia, notamment la connectivité smartphone
- Vérification des niveaux avec une attention particulière au circuit de refroidissement
- Test de la batterie pour s’assurer qu’elle conserve correctement sa charge
Comme pour une maison, une inspection minutieuse avant achat peut vous éviter bien des désagréments futurs.
Entretien et précautions post-achat
Une fois votre Austral acquis, quelques précautions peuvent prolonger sa durée de vie et limiter les risques de panne :
- Révisions régulières chez un spécialiste Renault, sans attendre les échéances maximales
- Remplacement préventif des bougies tous les 15 000-20 000 km sur les versions 1.2
- Surveillance du circuit de refroidissement avec contrôles réguliers du niveau
- Installation d’un maintien de charge si le véhicule reste immobilisé plus d’une semaine
- Suivi des campagnes de rappel et mises à jour proposées par Renault
- Extension de garantie vivement conseillée, particulièrement pour les versions hybrides
Ces précautions simples peuvent faire la différence entre une expérience de propriété sereine et un cauchemar mécanique.
Conclusion
Le Renault Austral représente une avancée significative par rapport au Kadjar qu’il remplace. Son design moderne, son habitacle technologique et son confort général en font un véhicule attrayant dans sa catégorie. Cependant, le choix de la motorisation s’avère crucial pour éviter les déconvenues.
La version 1.3 TCe 160 ch se détache nettement comme le choix le plus rationnel, combinant performances suffisantes et fiabilité éprouvée. À l’inverse, la version hybride E-Tech 200 ch, malgré ses promesses séduisantes sur le papier, cumule encore trop de problèmes pour être recommandée sans réserve, particulièrement dans ses premières séries de production.
Le Renault Austral a le potentiel d’être un excellent SUV compact, à condition de savoir éviter ses quelques zones d’ombre. À vous de jouer maintenant !
